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Ce pays qu'on appelle vivre
Ariane Bois
À l’été 40, Leonard Stein, caricaturiste de presse juif allemand, est envoyé aux Milles, camp d’internement près d’Aix-en-Provence. Il n’a qu’un but, fuir. Quand il rencontre Margot Keller, volontaire d’un réseau de sauvetage, l’amour les pousse à croire à l’impossible…
À l’été 40, Leonard Stein, caricaturiste de presse juif allemand, est arrêté par les gendarmes français et envoyé aux Milles, camp d’internement près d’Aix-en-Provence. Un lieu de détention effroyable où il croise aussi de nombreux intellectuels et artistes opposés au nazisme. Leonard n’a qu’un but, fuir. Il rencontre Margot Keller, volontaire d’un réseau de sauvetage. L’amour les pousse à croire à l’impossible…
Fiche technique
- Compilation
- Non
- Hauteur (mm)
- 200
- Largeur (mm)
- 125
- Auteur
- Ariane Bois
- Type de livre
- Noir
- Reliure
- Brochée
- Nombre de pages
- 288
- Poids (Kg)
- 0.258
- Editeur
- PLON
- Format
- Grand format
- Exclusivité
- Non
À propos de l’auteur
Ariane Bois
Interview d'Ariane Bois
Ariane Bois nous emmène en voyage. Sur les pas d’Arabella, Kid et Jeremy, elle nous entraîne de l’Amérique profonde au pays des éléphants, en passant par la France, celle des tranchées mais aussi celle plus légère du Paris des années 20. Une épopée au souffle brûlant dont la romancière nous livre quelques secrets.
Comment est né ce trio de héros ?
Tout est né d’une photo, une photo terrible aperçue pendant que j’effectuais des recherches sur le Sud américain pour mon roman Dakota Song. Au Tennessee, en 1916, on a pendu une éléphante de cirque, Mary, coupable d’avoir tué son soigneur qui la maltraitait. Et la photo du supplice de la pauvre bête est restée dans ma tête et sur mon mur pendant longtemps. J’ai imaginé une femme, Arabella, et deux hommes, Kid et Jeremy, qui ne se connaissent pas mais qui vont se retrouver liés par cette scène épouvantable. Celle-ci changera leur destinée pour toujours.
D’où est venue l’envie de les faire voyager d’un continent à l’autre ?
Nous sommes en 1916, les États-Unis vont bientôt entrer dans la Première Guerre mondiale et mon trio rêve d’aventure, d’ailleurs, de liberté. Kid est noir, travaille dans les champs de coton et sa vie dans le Sud est âpre, Jeremy qui vient de la côte Est est un journaliste avide de récits, et Arabella est en rébellion contre la religion très pieuse, bigote de son père. Ils vont donc chacun découvrir la France, avec les batailles dans l’Est, puis Paris et les années folles. Enfin, ils fomenteront un plan autour des éléphants qui les mènera jusqu’au Kenya. J’avais envie d’ouvrir grand les vannes de mon imagination et après les mois que nous avons passés enfermés, ça fait du bien !
Arabella, Jeremy, Kid… Lequel vous touche peut-être un peu plus que les autres ?
Je suis amoureuse d’Arabella que j’ai calquée sur de nombreuses héroïnes bien réelles, infirmières bénévoles américaines, pendant la grande guerre, mais aussi sur Beryl Markham, une femme aviatrice du Kenya, contemporaine de Karen Blixen. J’admire son courage et sa ténacité, sa passion aussi pour Jeremy. Kid est l’observateur, le meilleur ami, le confident. Mais le destin en Afrique rebattra les cartes…
Que vous inspirent les éléphants ?
Ce sont mes animaux favoris et je me suis beaucoup documentée sur leurs coutumes, leurs mœurs. Saviez-vous que leur rituel de deuil par exemple ressemble aux nôtres, avec inhumation et prières ? Et qu’ils sont doués d’empathie et de compassion ? Ce sont des animaux-monde, des animaux totem et Arabella va réaliser le sort qui est le leur en captivité. Quand elle assiste à des spectacles de cirque à Paris, elle fomentera un plan pour aider ces animaux dont Romain Gary disait qu’ils sont les dernières créatures libres de la planète.
Vos personnages croisent de nombreuses figures historiques, pourquoi ce choix ?
J’avais déjà utilisé ce stratagème dans Dakota Song qui racontait le New York des années 70. Ici, nous sommes durant les années folles à Paris, et j’ai eu envie de mêler de vrais personnages à mes héros. On va donc apercevoir Hemingway, Joséphine Baker, Gertrude Stein, Picasso mais aussi Jim Europe qui apporta le jazz dans ses valises d’officier. Je trouve que le sujet s’y prête et que cela enrichit le texte. J’y vois surtout une sorte d’hommage, de clin d’œil à la Woody Allen !
Quand un récit traverse les pays, les années, les événements, comment ne pas s’éparpiller ?
Il faut se montrer concentrée et constituer des dossiers sur chaque période. Je lis énormément sur les pays, leur histoire, leur géographie aussi et je découvre des pépites comme ces soldats noirs, les Harlem Hellfighters, qui se battirent comme des loups contre les Allemands et qui furent ostracisés par l’état-major blanc de l’époque. Kid, en les rejoignant, va retrouver son honneur d’homme noir et choisir de rester en France au lieu de rentrer.
Comment l’époque de votre roman dialogue-t-elle avec les débats du monde d’aujourd’hui ?
Mes héros sont les premiers écologistes : ils se préoccupent du bien-être animal à un moment où les animaux n’ont que des devoirs et non des droits. Il faut se souvenir des millions de chevaux morts au combat pendant la grande guerre ! Ils décident de s’engager pour sauver les éléphants et ce combat-là les mène jusqu’en Afrique. Leur jeunesse, leur idéalisme, leur énergie leur fait espérer un monde où les animaux ne seront plus maltraités dans les zoos et les cirques. C’est exactement le cas aujourd’hui où de nombreux pays ont interdit le cirque et limité les zoos. Mes personnages vont se confronter aussi au racisme, au colonialisme, aux droits des femmes. Arabella, Kid et Jeremy en ce sens sont des précurseurs et j’en suis fière !
Un tel roman demande beaucoup de recherches, comment cohabitent en vous l’écrivaine et la journaliste ?
Très bien, merci ! J’aime beaucoup le temps de l’enquête où je lis, je me rends sur place, je pose des questions, je me laisse submerger par les impressions, les sensations. Ensuite vient le travail d’écrivain où la documentation doit se faire toute petite et se fondre dans le récit. Dans cette histoire, j’ai eu de la chance, mes héros ont pris leur envol et j’ai dû beaucoup courir pour les rattraper ! Je crois qu’unir ces deux métiers apporte du rythme, du réel, des connaissances dans un texte de fiction. J’aime qu’on referme un livre en ayant l’impression d’avoir appris quelque chose. Ici, c’est toute la première partie du XXème siècle qui défile sous nos yeux, comme au cinéma !
Ariane Bois est grand reporter, spécialisée en sujets de société, au sein du groupe Marie Claire et critique littéraire pour le magazine Avantages. Elle collabore à la revue Service Littéraire et a déjà publié trois romans : Et le jour pour eux sera comme la nuit, Le Monde d’Hannah et Sans oublier. Tous trois ont été salués unanimement par la critique, par quatre prix littéraires, et traduits à l’étranger.